Interview DEVON ALLMAN – 11 décembre 2020

par Y. Philippot-Degand, traduction Y. Philippot-Degand



Lecteurs de RTJ, vous êtes gâtés ! Nous avons eu l’opportunité d’interviewer pour vous Devon Allman, dont les productions musicales sont chroniquées dans nos colonnes depuis des années, qui nous a gracieusement accordé de son temps, accompagné de son chien Franklin, pour nous parler un peu plus de lui et son son groupe, l’Allman Betts Band.

RTJ: Bonjour Devon, c’est un plaisir de te revoir, puisque RTJ t’a déjà interviewé en 2014, tu étais avec Mike Zito dans la Royal Southern Brotherhood. C'était par courriel mais maintenant nous avons la chance de parler ensemble.

Devon: Ouais, la Royal Southern Brotherhood, ouais.

RTJ: Premièrement, Devon, je sais que tu as déjà répondu à une interview pour nous, en 2014. A cette époque, tu étais membre de la Royal Southern Brotherhood, mais pour cette interview, peux-tu te présenter aux lecteurs de Road to Jacksonville, qui est un webzine dédié au rock sudiste. D'où es-tu?

Devon: J'ai grandi au Texas et je vis au centre du pays à St Louis Missouri depuis 20 ans et c'est pourquoi je suis maintenant à la maison, et bonjour RTJ, je suis Devon Allman de l'Allman Betts Band.

RTJ: Quand as-tu commencé à jouer de la guitare?

Devon: J'ai acheté une guitare quand j'avais 13 ans.

RTJ: As-tu déjà essayé un autre instrument?

Devon (amusé): Quand j'étais beaucoup plus jeune, je veux dire 9 ou 10 ans, j'ai essayé le violon, et ça ressemblait à des chats qui agonisent. (rires)

RTJ: Vous savez, je joue du violon ... Tu sembles être gaucher comme beaucoup de membres de ta famille et pourtant tu joues en droitier, comme beaucoup de membres de ta famille, même si j'ai vu un de tes cousins capable de jouer à la fois en droitier et en gaucher. Comment ce choix s'est-il produit? En imitant d'autres membres de ta famille, ou comme Joe Perry parce que tu n’arrivais pas à jouer en gaucher ou pour une autre raison?

Devon: Je n'ai pas été influencé par ma famille en fait, tu sais, quand j'ai commencé à apprendre la guitare: je n'avais pas encore rencontré mon père donc je ne savais même pas qu'il était gaucher, de même que Duane Allman, je ne savais même pas, donc j'étais manifestement gaucher mais j'ai aussi réalisé que je pouvais faire des choses avec ma main droite, mais je me souviens avoir eu un instructeur de guitare qui me disait que «tu sais, tu devrais essayer avant en droitier et seulement si cela te semble vraiment étrange, essaye en gaucher, car si tu peux continuer en droitier, il est beaucoup plus facile de trouver de très bonnes guitares plus tard, il n'y a pas autant de guitares pour gaucher disponibles ».

C'était avec ce genre d'expérience qu'il justifiait cela. Heureusement pour moi quand je l'ai prise en main, il m'a semblé naturel de le faire en droitier. Et je pense que cela apporte vraiment une chose importante, j'y pensais hier à ce sujet, c'est très intéressant parce que lorsque vous jouez en contraire, votre main dominante est celle qui prend les notes et qui a le toucher et votre main non dominante donne le tempo. Nous essayons de penser que c'est vraiment cool parce que d'ordinaire, ce serait votre main dominante qui a le tempo, vous savez, et votre main non dominante a le doigté, donc je suis plutôt content d'avoir fonctionné de cette façon (Mouais : ça c’est l’opinion de Devon, mais si ça donnait un véritable avantage dans le jeu de jouer en position contraire, les instructeurs conseilleraient à tous les droitiers de jouer en gaucher, à l’instar d’Eric Gales, or ce n’est pas du tout ce qui se passe… NDLR) et j’en suis heureux : tu sais, je ne frapperai pas mon bassiste à la tête (rires), tu vois ce que je veux dire, parce qu'il est à ma droite, tu sais. Je pense que Berry Oakley Jr. apprécierait beaucoup ça... Mais oui, plus tard dans la vie j'ai découvert à propos de mon père et Duane, que c'était la même chose et j'y ai pensé.

RTJ: Et certains de vos cousins aussi…

Devon: Ouais !

RTJ: Nous savons déjà que tu as joué avec la Royal Southern Brotherhood, mais dans quels autres groupes as-tu joué avant l'Allman Betts Band?

Devon: J'ai commencé ma carrière avec mon propre groupe appelé Honeytribe.

RTJ: Honeytribe, j'ai les albums…

Devon: Ouais, ouais… Donc ça c'est sorti, je ne sais pas, je pense que c’est 2006, cinq ou six, nous avons fait deux albums avec ce groupe. J'ai fait trois albums solo et j'ai eu quelques groupes solos différents pour ces albums. Et puis j'ai travaillé avec un homme venu d'Espagne: Javier Vargas, Vargas Blues Band, j'ai fait un album avec Javier et une grande tournée. Au-delà de ça, tu sais, rien qui aurait été repéré par le radar, tu sais, juste une sorte de groupe de mes jeunes années que, tu sais, vous pouvez avoir -c'est pour vous-, vous pouvez vous faire les dents et vous avez essayé de vous améliorer. Alors oui, Je dirais que Honeytribe a été le premier, tu sais, qui voulait, qui a commencé à faire des tournés dans le monde et à présenter des disques planifiés.

RTJ: Vous nous avez dit en 2014 que vous étiez influencé par Jimi Hendrix, Curtis Mayfield, Lindsey Buckingham, David Gilmour, Dickey Betts et Carlos Santana, mais quels guitaristes actuels peuvent vous influencer?

Devon: Ooh, je double mon amour pour Mark Knopfler, j'adore les Dire Straits. Et Gilmour est toujours là-haut. J'ai pu les voir tous les deux ces trois dernières années. J'ai pu les voir tous les deux ces dernières années. J'ai vu Gilmour à Chicago et je suis allé voir Mark Knopfler à Texas City, un spectacle joyeux, tout simplement incroyable, tout simplement incroyable. Ouais je veux dire, j'adore leur travail, c'est intemporel, c'est vraiment éthéré, c'est plutôt sexy et exotique mais ils peuvent aussi vraiment vous scotcher avec beaucoup de dynamique. J'aime beaucoup de types de musiques différents, beaucoup de types d'instruments différents et beaucoup de types différents de joueurs préférés. Depuis lors, je pense que Mark Knopfler, j'en tombe un peu plus amoureux de tous les jours. J'adore aussi John Frusciante des Red Hot Chili Peppers. Il est maintenant de retour dans les Red Hot Chili Peppers, ce qui est tout simplement excitant pour moi en tant que fan de ce groupe. Mec, je ne sais pas, je veux dire qu’il y a une centaine de guitaristes que j’aime et, tu sais, j’adore ce premier album solo de Steve Vai. Je pense que c’est tellement cool et bizarre et c’est un peu partout sur le plan stylistique et j’adore cet album que j’adore jouer. J'adore le jeu de JJ Cale, je suis vraiment amoureux de JJ Cale, de son toucher et de son sens du rythme. J'ai toujours aimé BB King, j'ai toujours aimé Robert Smith de The Cure. Je pense que son jeu est très sous-estimé, il est toujours aussi polyvalent et vraiment unique et il a son propre truc. Il y a une sensation.

RTJ: Sais-tu pourquoi Mark Knopler joue en droitier?

Devon: Non!

RTJ: Parce qu'il a d’abord appris le violon. Alors quand il a dû prendre une guitare, il l'a prise comme le violon.

Devon: Alors il est gaucher?

RTJ: Il est gaucher, oui.

Devon: Ah! Je ne savais pas ça.

RTJ: En 2014, on parlait du fait qu'à l'époque tu jouais souvent sur Gibson, mais parfois avec une Stratocaster bleue. Avec l'Allman Betts Band, tu sembles préférer les guitares avec des micros P-90. Est-ce un vrai choix de ta part et peux-tu en parler?

Devon: Ouais! J'ai remarqué que dans ce groupe, nous sommes d'abord trois guitaristes. (Franklin approuve en aboyant) Et deuxièmement, les deux autres jouent sur des Gibson avec des humbuckers. Tu sais donc qu'il y a Johnny à la slide qui joue sur une Gibson SG et Duane sur une Gibson Les Paul. Donc, quand j'étais le seul guitariste, je jouais sur une Gibson Les Paul parce qu'elle avait le son le plus épais et que je veux prendre plus de place, un peu d'espace sonore. Alors quand j'ai rejoint ce groupe, j'ai réalisé oh mec, que je voulais prendre ma place dans l'espace sonore sans l'encombrer, tu sais, en prenant les mêmes fréquences, donc, je le savais, quelque chose qui avait du mordant. Ma première inclination a été d’utiliser la Fender Telecaster que j’avais utilisée ici et là au fil des ans. J'en ai une très belle avec du caractère, fabriquée à la main par un de mes amis, et c'est l'une des meilleures guitares que je possède. Mais tu sais, avec le Allman Betts Band et quand les gens pensent au nom Allman et au nom Betts, ils pensent à Gibson. Donc je ne voulais pas tellement avoir une Telecaster dans le mix et j’étais: «Ah! Mec, une Gibson P-90, ça me donnerait du mordant! Et serait toujours une Gibson. » Alors je m'adresse à certains de mes amis, tu sais, Charlie Starr de Blackberry Smoke et Lucky Dawson, Ray Wilson jouent aussi sur une Les Paul Jr qui a un P-90 et j'ai parlé pas mal avec Charlie et j'ai parlé à d'autres nerds de guitare (mordus de guitare jusqu’à l’obsession, NdT.) parmi nos amis et ils étaient tous dans le genre «Mec ouais dans cette configuration de trois guitaristes dans ce groupe, ce que tu dois faire, c'est une sorte d'aide. Rassemble les sons au lieu de te focaliser sur l'espace... un P-90 serait parfait tu sais. » Donc je veux dire qu'il y a beaucoup de morceaux où c'est juste la chose parfaite. Le seul grand avantage d'être moi dans ce groupe est qu'ils restent sur cette SG et cette Les Paul à peu près toute la soirée. Alors pour moi les guitares sont des trucs comme des pinceaux. Et je sais que la Les Paul Jr sonnera parfaitement sur «Pale Horse Rider», je sais qu'une Strat, ou même une Jazzmaster sonnerait parfaitement sur «Down To The River», et je sais que je dois jouer en acoustique sur certains morceaux parce que là c'est… Donc je me retrouve en tournée ces deux dernières années à prendre sept guitares et j’en utilise beaucoup et c’est amusant je pense pour le public. Tu sais, je me souviens étant gamin être allé au concert pour dire «Oh mec, il a une Gibson Explorer », ou « Il a juste pris une Strat'». C’était passionnant de voir les changements et je me souviens de cela et c’est aussi une nécessité.

Donc je prends une Les Paul Jr. et puis je prends une Gibson 330 qui a aussi un micro P-90 mais c’est une guitare à corps creux. Donc ça me donne ce P-90 Gibson mais corps plein/corps creux, ça fait deux. J'apporte une SG si je dois jouer un long solo, j'apporte une Strat pour «Down To The River», j'apporte une acoustique, ça fait cinq, je joue de la basse sur une chanson maintenant, avec Berry chantant au piano comme sur «The Doctor's Daughter », donc j'apporte une basse Rickenbacker de 1974 et le joker est que j'ai une Fender 12 cordes électrique 1966, utilisée sur «Magnolia Road» et j'en ai joué sur «Autumn Breeze», et ça donne juste ce petit son magnifique qui est totalement différent des humbuckers Gibson. Donc, ça fait sept guitares et, tu sais, nous avons essayé de ne pas faire du trop dingue comme de changer après chaque chanson, donc tu sais, j'entre avec la Les Paul Jr. et trois chansons, puis j'ai mis la 12 cordes électrique sur deux chansons, de là l'acoustique pour deux ou trois chansons, de là retour à la Junior, tu sais. Mais c’est excitant pour le public, amusant pour le public, je ne sais pas à quel point c’est excitant, mais c’est certainement amusant et cela nous donne vraiment de nouvelles réponses différentes dans les textures de sons.



RTJ : Quel type d'ampli utilises-tu avec ton groupe actuel?

Devon: Un Fender Super Reverb de 1965, et j'en ai un second, un Soldano SLO-30,
je peux passer dessus pour un solo.


RTJ : Quelle marque et quel tirant préfères-tu?

Devon: J'ai utilisé le D’Addario dix gage pour toute ma carrière et je suis récemment passé de D’Addario XL à NYXL, c'est comme New York Excel, je ne sais pas, mais elles durent plus longtemps et elles sonnent bien et donnent de bonnes sensations.

RTJ : Joues-tu avec un médiator fin ou épais? .

Devon: J'utilise un .73 mm et ensuite j'utilise un .64 pour l'acoustique, c’est le jaune, vous savez, le Tortex et le Tortex orange de Dunlop.

RTJ : Vous vouliez dans ce nouveau groupe présenter un trio de guitaristes, une sorte d'armée de guitares comme Lynyrd Skynyrd ou les Outlaws. Vous connaissez Duane depuis longtemps, mais comment avez-vous choisi Johnny pour la troisième guitare?

Devon: Eh bien, Johnny jouait dans le groupe solo de Duane et je connaissais déjà Johnny depuis de nombreuses années, alors quand j'ai découvert que Johnny jouait avec Duane, j'ai dit «Oh c'est incroyable! ». J'adore Johnny, c'est un gars sympa, tellement talentueux et puis quand on a monté le groupe, c'était vraiment évident, il n'y a jamais eu de question, nous voulions quelqu'un dans le groupe qui puisse vraiment très bien jouer de cette guitare slide et Duane et moi ne faisons pas plus de slide que ça, donc ça a marché.

RTJ : De même, puisque vous devez vous connaître depuis longtemps, je suppose que le choix de Berry Oakley Jr. était évident. Est-ce ainsi que c'est arrivé?

Devon: Et bien je pense tu sais que quand nous avons commencé à écrire les chansons, nous savions qu'il serait le meilleur bassiste pour jouer ces chansons, nous le savions. Nous savons comment il joue et nous aimons Berry avec des amis plus anciens depuis 30 ans et c'était le choix évident. Donc, tu sais, ce n’était pas que nous devions le faire, c’était que nous voulions vraiment les avoir.

RTJ : Dans l'Allman Betts Band, Johnny Stachella joue de la slide. As-tu déjà essayé cette technique?

Devon: Tu sais, j'ai joué avec ici et là et je ne suis pas opposé à essayer d'en obtenir plus à l'avenir, mais je veux en quelque sorte avoir quelqu'un dans mon groupe qui pourrait le faire très bien. Donc, je n’ai jamais eu à le faire, tu sais, mais, tu sais, je veux dire que cela m’a toujours fasciné, je le choperai, je le capterai ici dans les vibrations de l'air mais je ne le prends encore jamais sur scène ou en studio.

RTJ : De temps en temps, vous faites des parties doubles en solo avec Duane, mais pas si souvent.
Comment est-ce décidé?

Devon: Tu sais, c’est… Si tu mets un solo doublé sur chaque chanson, c’est quelque chose de spécial, alors quand cela arrive, ce doit être un moment spécial. Je pense que la musique dicte cela. Tu sais, lorsque nous écrivons une chanson, nous pouvons entendre sur le canal audio «Oh, c’est une bonne chanson pour doubler», tu sais nous le savons. Donc, tu sais, tu as treize chansons sur un disque, tu as probablement trois chansons qui ont ce genre de moment.

RTJ : Voulez-vous développer cet aspect si typique de la musique sudiste? Pensez-vous que vous en avez le bon poids dans votre musique?

Devon: Je pense que cela fait partie de nous, c’est juste une partie de nous. Nous n'avons pas besoin de trop y penser, nous écrivons juste une chanson et... Tu sais, tout le monde, Duane, moi et Berry, nous avons tous grandi dans le sud donc c'est une partie de notre tradition, c'est une partie de notre famille religieuse, une partie de qui nous sommes, des auditeurs de beaucoup d'artistes du sud, beaucoup de soul, beaucoup de blues, de country et tout ça. Ouais, je pense que ça sort de nous comme ça, nous n’avons pas à essayer.

RTJ : Donc Johnny ne joue pas de double lead avec toi? Est-ce que Duane et toi voulez que Johnny Stachela participe également à ce genre de jeu? Est-ce juste un jeu entre toi et Duane?

Devon: Johnny joue en double lead avec Duane. Il le fait. La moitié du temps que vous entendez notre groupe faire une double lead, c'est Duane et Johnny, puis la moitié du temps, c'est Duane et moi. Donc Johnny prends le temps de faire des cochonneries. (rires)

RTJ: Nous aimerions vous voir en concert. Peut-être bientôt en Europe?

Devon: Ouais! Nous étions en réunion aujourd'hui pour en parler. Je pense que si tout va bien, nous serons en Europe en juillet et novembre.

(Suivent quelques considérations géographiques et touristiques, en particulier sur le Texas et sur la Bretagne dont Devon est curieux...)

RTJ : Comment composez-vous, quel est le processus d'écriture dans le groupe?

Devon: Cela dépend vraiment. En général, nous nous asseyons simplement pendant la date et l'heure de la tournée, comme dans le bus, dans les coulisses ou à l'hôtel, et généralement l'un de nous a une sorte d'idée, une sorte de teuf-teuf avançant cahin-caha, puis nous savons assez rapidement comment... si vous pouvez chanter quelque chose même si vous n'avez pas de mots. Vous chantez juste quelques traits et généralement nous sommes saisis par la sensation et la mélodie, et si nous l'aimons suffisamment, nous poursuivons et essayons de lui donner quelques paroles qui lui collent. Je les termine. Je n’ai jamais été ce genre d’auteur qui saisit une guitare et s’assoit tous les jours pour écrire. Je dois partir quelques mois et vivre une vie, observer des choses, expérimenter des choses et lire des choses, et ressentir un tintement de clochette et ensuite aller au genre de robinet qui fait retentir la source de la partie "idée". Je ne fais rien de mal. Si j'entends une conversation, je trouve un moyen de mettre une note sur mon téléphone ou quelque chose du genre. Parfois, je prends une guitare, que peut-être je n’ai pas empoignée depuis un an et qui m’inspire quelque chose... Il y a tellement de façons différentes, sans aucun doute.

RTJ : Comment choisissez-vous les sujets de vos paroles? Parlez-vous de cette question dans le groupe?

Devon: Je ne sais pas. Vous savez que c’est une bonne question car nous n’essayons pas de préméditer. Nous n’essayons pas de dire que nous voulons écrire une chanson sur ceci ou cela. Je suppose que peut-être parfois... Je me souviens avoir écrit une chanson sur le premier album intitulé «Good Ol 'Days» parce que j'avais un peu envie de dire «Hey les gars! Quand nous aurons 85 ans, eh bien, je regarderai un peu quand nous avions 22 ans comme le bon vieux temps. Nous allons avoir l'air super maintenant dans la mi-quarantaine, au sommet de nos capacités, mais que les jeunes poppas écrivent que là, c'était le bon vieux temps. », et je me souviens avoir pensé «Cela ferait une bonne chanson pour parler de l'importance que ce soit maintenant le bon vieux temps, pour plus tard quand tu regardes en arrière ». Donc, de temps en temps, vous avez une idée, mais parfois vous écrivez simplement les premières lignes ou deux, et vous vous dites «de quoi s'agit-il? », et vous pouvez la suivre.

RTJ: Le son et le rythme de ce que vous avez choisi pour le premier moment de la composition vous influencent-ils ensuite dans le choix des mots?

Devon: Tout le monde est dans le même temps, parfois, oui parfois.

RTJ : Quels sont les groupes de rock sudiste que tu préfères (je pense que Blackberry Smoke en fait partie)?

Devon: Ouais, je veux dire, je pense qu’ils sont cools. Tu sais, je ne sais pas: j'essaie d'écouter tous les types de musique donc je pense que certains groupes sont de très bonne musique venant du sud au cours des dix dernières années, Chris Catena sort des disques incroyables, il y en a dans tous les genres qui sont vraiment géniaux.

RTJ : Comment vois-tu l'avenir de cette tendance musicale?

Devon: Je pense que ces derniers temps, cela incite plus de gens à écouter de l'Americana, plus ce genre de son rétro parce que dans le monde d'aujourd'hui, il y a tellement de musique qui n'a aucune sincérité dans le courant dominant et je pense que les gens veulent revenir à de la sincérité et donc ils recherchent cela et ils peuvent trouver des artistes comme Jason Isbell ou notre groupe, tout groupe aux vues similaires, Tedeschi Trucks Band... Il y a beaucoup de sincérité, je pense que c'est le lien commun entre tous ces artistes qui sonnent si différemment, c'est que ils sont très sincères et très amoureux de faire de la musique pour les gens. Dans une histoire d’amour aussi réelle, et c’est évident, ça n’est pas conçu pour faire la couverture des magazines ou pour être une «star». C'est conçu pour toucher les gens et je pense que c’est la différence. Alors, c’est dit: je pense que la musique qui touche les gens avec sincérité durera très très longtemps. (Rires)

RTJ : Je sais que Derek Trucks est vraiment passionné car j'ai dû l'interviewer et les managers lui ont donné vingt minutes et nous sommes restés ensemble trois quarts d'heure à parler de guitares et de musique, etc.

Devon : Bien! C'est certain ! Je pense que vous devez être dans cette ligne de travail, que tout ce que nous savons, tout ce que nous aimons, et que nous essayons de partager avec les gens, pour que tout compte.


RTJ : Question traditionnelle dans Road to Jacksonville, si tu devais rester sur une île déserte, quels seraient les cinq disques que tu emporterais avec toi? Je sais que tu as déjà répondu à la question en 2014, mais peut-être que tes choix auraient pu changer.

Devon: Ouais. Donc pour le moment, je dirais Communique de Dire Straits, j’adore cet album, je devrais encore choisir Sticky Fingers des Rolling Stones, j’adore cet album. Coltrane... Je choisirais probablement une boîte entière, donc il y a quelque chose comme dix disques en un, cette boîte de 1958 est époustouflante, elle est fantastique. Je devrais choisir le premier album de Curtis Mayfields et probablement Layla («Layla and other assorted love songs » de Derek and the Dominoes, NDLR).

Mais Moonflower de Santana, James Brown, il y aurait beaucoup de choses, The Cure: Kiss me kiss me kiss me, un de mes disques préférés… Il y en a beaucoup. C’est trop peu. Horrible ! C'est difficile. C’est comme emmener cinq membres de la famille sur l’île, si vous faites cela, ce n’est pas juste. (Rires)

Trois quarts d’heures, un grand moment privilégié passé dans la bonne humeur, la sincérité et l’ouverture d’esprit avec un vrai passionné et c’est déjà la fin. Reste le souvenir d’une entrevue très riche, dont je vous ai coupé des digressions plus personnelles. Merci encore Devon pour cet excellent moment : ce sera un réel plaisir que de recroiser sa route et d’entamer une nouvelle discussion.
Bon vent à l’Allman Betts Band et que le succès accompagne votre démarche musicale !

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